Rien n’est moins sûr… Dernièrement, des militants environnementalistes, ainsi que des chercheurs, recourent de plus en plus à des actes de désobéissance civile pour sensibiliser le public à la crise climatique. Seulement voilà, leur engagement suscite autant de controverses qu’il attire l’attention des médias. Décryptage !
Faire un coup médiatique
Les images passent en boucle sur les télés du monde entier, mais aussi sur les réseaux sociaux. Lesquelles ? Celles de ces activistes écologiques qui font des actions chocs : bloquer la voie publique, s’attacher à des équipements publics… Ce n’est pas tout : ces militants vont jusqu’à perturber des événements sportifs, comme ce fut le cas au Tour de France 2022, bloqué par des militants de Dernière rénovation. Cette année, des manifestants d’une organisation environnementale en Suède ont perturbé l’arrivée du 400 m haies lors du meeting de la Ligue de diamant à Stockholm, gênant Wilfried Happio, le vice champion d’Europe de la team Engie.
Il faut dire que ce type d’actions attire l’attention, ce qui explique certainement le fait que les activistes y recourent de plus en plus. La preuve en chiffres : 50 millions de vues, c’est ce qu’a récolté une vidéo de deux militantes britanniques sur Twitter en octobre dernier, qui les montre en train de jeter de la soupe sur un tableau de Van Gogh à la National Gallery de Londres, une action fomentée par le collectif Just Stop Oil qui en veut particulièrement aux industries pétrolières. Mais que cherchent véritablement ces activistes ? Pour Sylvie Ollitrault, directrice de recherches au CNRS : « L’idée est d’abord de faire un coup médiatique ».
Des actions condamnées par les pouvoirs publics
Nous vous le disions, les groupes d’activistes cherchent avant tout l’attention médiatique, comme l’explique Michael Loadenthal, chercheur à Georgetown : « La désobéissance civile perturbatrice et aux dommages ou destructions de biens, ils sont en mesure d’attirer une plus grande attention des médias qu’avec des pétitions ». Mais le fait est que les pouvoirs publics condamnent ce type d’actions. Ce fut notamment le cas lors d’une manifestation contre la mégabassine de Saint-Soline, durant laquelle le ministre de l’Intérieur a dénoncé « des modes opératoires qui relèvent de l’écoterrorisme ». Le mot est lâché !
Plus que l’écho médiatique que suscite ce mode opératoire, la désobéissance civile a cela de particulier qu’elle suscite le débat sur le réchauffement climatique. A ce propos, Sylvie Ollitrault explique : « On tient l’intérêt de l’opinion sur les questions écologiques, souvent concurrencées par d’autres problèmes, comme la guerre en Ukraine ou la pandémie de Covid-19 ».
Et après l’attention ?
Quel est le bilan des actions environnementales chocs ? Autrement dit : suscitent-elles vraiment le débat et font-elles avancer la cause climatique ? Pour le sociologue américain Robb Willer : « Généralement, le public réagit négativement à ces actes de destruction ». Ce dernier avance également que, certes, ces méthodes attirent véritablement l’attention, « mais cette attention peut se révéler inutile », tranche-t-il. Pour en avoir le cœur net, il suffit de parcourir les commentaires sur les réseaux sociaux, en réaction à ce type d’actions, pour la plupart sceptiques.