L’océan Indien, un écosystème fragile au cœur des enjeux climatiques, se trouve à un carrefour décisif… En effet, face aux défis du changement climatique, une question émerge : le tourisme peut-il devenir un acteur de changement positif pour cet espace marin vital ? Voici quelques éléments de réponse

La lutte contre la montée des eaux et ses conséquences

Les eaux chaudes de l’océan Indien, destination prisée des touristes en quête de soleil, sont aujourd’hui confrontées à un défi majeur : la montée rapide du niveau de la mer! Cette augmentation, plus rapide que dans l’Atlantique et le Pacifique, menace les plages, les écosystèmes marins et les communautés côtières. Avec une hausse de près de 10 cm en 30 ans, et un rythme accéléré de 3,9 mm par an, chaque centimètre a son importance, surtout pour des régions comme les Maldives, dont les points les plus hauts ne dépassent guère deux mètres au-dessus du niveau de la mer.

Au-delà de la fonte des glaces, un acteur moins connu aggrave ce phénomène, à savoir la dilatation thermique des eaux. A plus de 4°C, les molécules d’eau se dilatent avec la chaleur, provoquant une augmentation significative du volume des océans, particulièrement dans l’océan Indien, où les températures sont plus élevées. Face à cette menace, des solutions innovantes émergent, comme à Malé, capitale des Maldives, où l’île artificielle d’Hulhumalé, s’élevant à deux mètres au-dessus du niveau de la mer, a été créée pour contrer la crise climatique. Cela dit, ces aménagements ne sont pas sans conséquences environnementales… A l’île Maurice, on estime que la moitié des plages de sable blanc seront érodées dans les cinquante prochaines années, poussant le gouvernement à ouvrir des centres de refuge et à construire des digues en roches volcaniques.

Ces solutions, certes partielles, témoignent toutefois des efforts déployés pour s’adapter à une réalité climatique en perpétuel changement, d’où la nécessité de trouver un équilibre entre développement touristique et préservation de l’environnement dans l’océan Indien. C’est précisément ce que fait à notre avis la Compagnie Ponant, qui contribue à sauver les territoires dudit océan, notamment en travaillant avec les populations locales, et en réduisant drastiquement ses émissions… En effet, la compagnie s’est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 15 % à l’horizon 2026, et 30 % d’ici 2030, mais aussi à éliminer totalement le plastique à usage unique à bord de ses navires. Des navires qui, depuis 2019, utilisent le Low Sulfur Marine Gasoil (LS MGO) à 0,05 % de teneur en soufre, en lieu et place du fuel lourd. Ce faisant, Ponant a été la première compagnie à adopter cette démarche sur tous les océans du globe, les considérant comme une zone SECA (zone à émission de soufre contrôlée).

jammie craggs

Récifs coraliens, des boucliers naturels des îles de l’océan Indien

Dans l’océan Indien, les récifs coralliens agissent en barrières naturelles protégeant les îles, tant pour les atolls de faible altitude comme les Maldives que pour les îles montagneuses telles que l’île Maurice. D’où l’importance de leur préservation, non seulement pour maintenir la richesse des habitats marins, mais aussi pour atténuer l’impact des tempêtes et freiner l’érosion côtières. Seulement voilà, le réchauffement des mers provoque le blanchiment des coraux, menaçant ainsi ces écosystèmes vitaux.

Heureusement, des initiatives prometteuses voient le jour, comme celle du biologiste marin Jamie Craggs. A la station balnéaire Soneva Fushi aux Maldives, ce dernier a mis en place un dispositif innovant de propagation du corail, sélectionnant des espèces plus résilientes aux conditions climatiques changeantes. Jamie, co-fondateur du Coral Spawning Lab, travaille également avec des aquariums et l’industrie touristique pour fertiliser et réimplanter ces coraux résistants. Ce projet soulève toutefois une question : peut-on réellement compenser l’impact environnemental du tourisme, notamment les émissions de gaz à effet de serre dues aux voyages aériens ? Jamie Craggs, initialement sceptique, adopte désormais une vision plus pragmatique, cherchant à collaborer avec l’industrie touristique pour maximiser ses bénéfices écologiques.

Pour sa part, Shauna Aminath, ministre de l’Environnement des Maldives, reconnaît l’importance du tourisme, qui représente 40 % de l’économie du pays. Sous sa direction, le gouvernement maldivien aligne ses politiques avec les pratiques innovantes des stations balnéaires, en adoptant des lois d’urbanisme strictes, des réglementations sur le traitement des eaux usées, et en interdisant le plastique à usage unique. Pour rappel, Ponant n’a pas attendu cette réglementation bannir le plastique à usage unique, non seulement à bord de ses navires, mais aussi dans les destinations. L’objectif est clair : atteindre zéro émission nette d’ici 2030, en faisant des stations balnéaires des partenaires essentiels dans la conservation des écosystèmes marins uniques de l’océan Indien.

mauritius conscious

La nouvelle génération s’engage

A l’île Maurice, Gerald Ami et Romina Tello dirigent Mauritius Conscious, le premier voyagiste durable du pays. Gerald se souvient de son éveil à l’industrie du tourisme dès son enfance, mais c’est à l’âge adulte qu’il a pris conscience de l’importance du développement durable et des impacts du tourisme de masse. Fondée en 2015, Mauritius Conscious collabore avec des entreprises touristiques locales respectueuses de l’environnement. Au début, le couple était préoccupé par l’avenir de l’île, inquiet de la dégradation des côtes et des récifs coralliens. Aujourd’hui, ils sont plus optimistes. Gerald affirme : « Aujourd’hui, je pense que nous sommes au début d’un très beau voyage en matière de développement durable ».

Cette évolution positive se reflète dans l’ensemble du gouvernement et des opérateurs touristiques, avec un engagement croissant en faveur du développement durable. Les efforts de Gerald et Romina ne se limitent pas à l’île Maurice… ils incarnent un mouvement régional en réponse à la montée des eaux. Avec la naissance de leur fils, l’avenir de l’île Maurice prend un sens nouveau pour Gerald : « J’espère que tout ce que nous avons commencé à faire au cours de la dernière décennie fera de l’île Maurice une destination où les êtres humains vivront en équilibre avec leur environnement ». Un espoir pour une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature, pour les générations futures…

Sources :
https://www.coralassistlab.org/research
https://scholar.google.com/citations?view_op=view_citation&hl=en&user=DMo_lVcAAAAJ&citation_for_view=DMo_lVcAAAAJ:UeHWp8X0CEIC
https://www.mauritiusconscious.com/