La végétalisation prend d’assaut le secteur de la construction, et transforme radicalement les toits et façades en jardins suspendus. Plus qu’une tendance, c’est une révolution verte, nécessaire pour répondre aux normes écologiques de plus en plus rigoureuses. Mais attention, si les avantages sont légion, les défis ne sont pas en reste… Le point sur le sujet avec Carlos de Matos du Groupe Saint-Germain !

Quels sont les avantages de la végétalisation des bâtiments ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la végétalisation urbaine, ce n’est pas juste un peu de verdure pour égayer nos villes de béton, c’est un véritable arsenal écologique en plein cœur urbain. Julien Serri, du Pôle Habitat FFB, nous explique : « Les toitures et murs végétalisés deviennent des havres de paix pour les oiseaux et les insectes pollinisateurs », vitalisant ainsi notre biodiversité urbaine qui en a bien besoin.

Mais les avantages ne s’arrêtent pas là… Ces espaces verts suspendus, en plus d’être beaux à regarder, sont de véritables acteurs écologiques. « En recréant des micro-écosystèmes, ils renforcent la résilience écologique des villes », ajoute Serri. Ils jouent un rôle clé dans la régulation des températures, réduisant les besoins en climatisation en été grâce à l’évapotranspiration, et conservent la chaleur en hiver, ce qui améliore le confort thermique et permet de réaliser des économies d’énergie qui peuvent atteindre jusqu’à 75 %.

Cerise sur le gâteau, ces toitures végétalisées absorbent et stockent l’eau de pluie, ce qui réduit la charge sur nos systèmes de drainage et diminue les risques d’inondation—un point non négligeable alors que les événements climatiques extrêmes se multiplient. « Ces toitures contribuent aussi à la recharge des nappes phréatiques et peuvent être intégrées à des systèmes de récupération d’eau pour divers usages », conclut Serri.

Des coûts élevés et un cadre réglementaire strict

Nous vous le disions, la transition vers des bâtiments plus verts apporte son lot de défis, et à ce niveau, Julien Serri du Pôle Habitat FFB met en lumière le coût initial élevé de l’installation de toitures et murs végétalisés, incluant les matériaux, l’irrigation, et la main-d’œuvre spécialisée. « Ces coûts initiaux représentent un frein significatif pour de nombreux projets », admet-il, même si les bénéfices énergétiques et environnementaux à long terme peuvent partiellement compenser ces dépenses.

Le maintien de ces installations n’est pas à prendre à la légère non plus : « L’absence de maintenance adéquate peut aboutir à la détérioration des plantes, altérant ainsi les bénéfices esthétiques et fonctionnels de la végétalisation », explique Serri. Cette maintenance requiert des soins réguliers et l’intervention de professionnels formés, ce qui ajoute un surcoût. Pour autant, les exigences techniques ne sont pas les seuls obstacles… Sur le plan réglementaire, les projets de végétalisation doivent prendre en compte des normes locales qui peuvent imposer des restrictions sur l’apparence des façades ou les types de végétation autorisés. « Ces contraintes peuvent dissuader certains promoteurs et architectes », révèle Serri, malgré les avantages évidents de tels projets.

Enfin, l’acceptation de ces innovations par le public varie grandement, car si beaucoup apprécient les espaces verts, d’autres peuvent les trouver peu conventionnels ou inesthétiques, surtout si l’entretien laisse à désirer. « Les installations mal entretenues peuvent rapidement perdre de leur attrait visuel, provoquant des réactions négatives », conclut Serri.