Un consortium composé d’EDF et de JinkoSolar sera le principal soumissionnaire dans le cadre du dernier appel d’offres d’Abou Dhabi pour l’énergie solaire. Abou Dhabi a établi un record mondial de prix pour l’énergie solaire, les autorités ayant confirmé l’offre gagnante lors d’un appel d’offres de 2 gigawatts. Lorsqu’il sera achevé à la mi-2022, il devrait être le plus grand projet d’énergie solaire au monde. Baptisé « Al Dhafra », le projet comptait cinq soumissionnaires, l’offre la plus basse s’élevant à 1,35 centime de dollar américain par kilowattheure.

EDF et JinkoSolar remportent la mise 

L’entreprise publique Abu Dhabi Power Corporation (ADPower) a confirmé que le consortium de tête est composé du géant français de l’énergie EDF et de la division des projets du fabricant chinois d’énergie solaire Jinko Solar. ADPower va maintenant négocier un accord d’achat d’électricité de 30 ans avec EDF/Jinko. Si un accord ne peut être conclu, ADPower, qui fait partie de la compagnie des eaux et de l’électricité des Emirats Arabes Unis, peut négocier avec le deuxième meilleur soumissionnaire. 

L’entreprise française Engie, la banque japonaise Softbank et l’entreprise saoudienne ACWA Power, qui a remporté une série de grands projets dans la région, figuraient parmi les cinq derniers soumissionnaires présélectionnés.

Pourquoi les prix de l’énergie solaire sont si bas au Moyen-Orient ?

En novembre, l’émirat voisin d’Abu Dhabi, Dubaï, a remporté le titre avec un contrat de 1,7 centime de dollar américain avec ACWA Power pour les 900 mégawatts suivants de son parc solaire Sheikh Mohammed bin Rashid al Maktoum. L’installation a démarré en 2013 avec 13 mégawatts de panneaux solaires First Solar et se développe jusqu’à un objectif de 5 gigawatts d’ici 2030. Puis, en janvier, le Qatar est allé encore plus bas avec une offre de 1,6 centimes par kilowattheure. Ce projet a été remporté par la société pétrolière française Total et le conglomérat japonais Marubeni.

Aujourd’hui, c’est au tour des Émirats arabes unis d’établir un nouveau record. Les appels d’offres dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord voient généralement l’Etat prendre une participation majoritaire dans le projet. Dans le cas d’Al Dhafra, les gagnants conserveront une participation de 40 % et recevront un contrat d’achat d’électricité d’une durée de 30 ans qui comprend la construction, l’approvisionnement, l’exploitation et la maintenance.

De nombreux facteurs expliquent les prix de plus en plus bas du solaire au Moyen-Orient, notamment les grandes ressources solaires, les sites vastes, les coûts fonciers faibles à nuls, l’échelle massive et le financement bon marché qui accompagne un PPA de 30 ans avec un Etat pétrolier comme acheteur. Par ailleurs, JinkoSolar et EDF ont tous deux de solides antécédents aux Emirats arabes unis. Jinko a développé le projet Noor Abu Dhabi de 1,2 gigawatt en partenariat avec Marubeni, qui a été mis en ligne l’année dernière.

EDF, pour sa part, s’est associé à l’entreprise énergétique et investisseur émirati Masdar sur une variété de projets, allant du déploiement du solaire thermique en Afrique du Nord à une entreprise de services énergétiques desservant toute la région.

De grosses commandes pour le secteur solaire malgré le coronavirus

Jusqu’à présent, les grands appels d’offres pour l’énergie solaire au Moyen-Orient se sont poursuivis malgré les crises actuelles qui frappent le secteur de l’énergie. L’Arabie saoudite organise actuellement son propre appel d’offres pour 1,2 gigawatt d’énergie solaire. First Solar, ACWA Power, Jinko, EDF et Marubeni figurent parmi les participants.

Pour les fournisseurs de modules, de tels contrats monstres peuvent combler un vide important dans leurs carnets de commandes. Le marché mondial des modules évolue vers une situation d’offre excédentaire, les usines chinoises reprenant leurs activités alors même que de nombreux marchés clés restent bloqués. Une récente enquête menée par le Conseil solaire mondial auprès des fabricants d’onduleurs et de modules a révélé que 40 % des entreprises interrogées avaient vu leurs commandes chuter de 50 à 100 % par rapport à l’année dernière en raison de la pandémie de Covid-19.