Le secteur des énergies renouvelables continue de se développer avec des innovations qui redéfinissent l’utilisation des panneaux solaires. Au-delà des traditionnelles installations sur les toitures, le photovoltaïque investit désormais les façades des bâtiments. Retour sur quelques solutions innovantes présentées lors du Mondial du Bâtiment 2024. Pour cela, on fait le point avec Carlos de Matos du Groupe Saint Germain.

Le photovoltaïque en façade : une approche modulaire

Le photovoltaïque s’installe de plus en plus sur les façades, à l’image de la solution Ultrawatt Pro. Ce système se compose de cassettes photovoltaïques standardisées, un format qui facilite leur installation sur des façades de toutes tailles. Jean-Charles Battut, PDG d’Ultrawatt, explique que l’objectif est de rendre le photovoltaïque plus accessible, notamment pour les architectes souvent confrontés à la complexité des façades en aluminium composite. Avec ce produit, les architectes n’ont plus besoin de recourir au sur-mesure, ce qui permet de livrer une façade en seulement quatre jours.

Cette solution est particulièrement adaptée aux bâtiments tertiaires – comme les bureaux, gymnases ou piscines – qui ne peuvent pas supporter le poids de panneaux photovoltaïques traditionnels sur leur toiture. Les cassettes sont légèrement inclinées afin d’optimiser le rendement énergétique, ce qui permet une autoconsommation efficace, même sur des façades. Initialement pensée pour les zones commerciales ou industrielles, cette solution commence aussi à intéresser certains bailleurs sociaux pour des projets résidentiels, en raison des grandes façades des tours HLM.

Des panneaux photovoltaïques allégés pour les toitures fragiles

Dans le domaine des toitures, la question du poids des panneaux photovoltaïques reste un frein pour de nombreux bâtiments. C’est précisément ce à quoi répond l’entreprise Creawatt avec son produit Luxsiol Zinc. Ces panneaux légers, fabriqués en fibre de verre et résine, ne pèsent que 3 à 4 kg par m², contre environ 20 kg par m² pour un panneau traditionnel en verre.

Grâce à cette innovation, les toitures en zinc des vieux bâtiments, souvent fragiles, peuvent enfin accueillir des installations photovoltaïques. De plus, ces panneaux légers résistent mieux aux intempéries, notamment aux épisodes de grêle. Laurent Mimaud, directeur général de Creawatt, souligne aussi leur capacité à résister à des vents allant jusqu’à 280 km/h. Cette solution a d’ailleurs été récompensée par une médaille d’argent lors des Awards de l’Innovation 2024, dans la catégorie « Gros œuvre, structure et enveloppe ».

Photovoltaïque et esthétisme : quand l’art rencontre l’énergie

L’entreprise Glass Partners Solutions propose une autre approche du photovoltaïque avec Colorblast, en collaboration avec Kameleon Solar. Ici, l’objectif est de rendre les panneaux solaires presque invisibles en les intégrant dans des motifs artistiques. Ces panneaux peuvent ainsi se fondre dans le design des bâtiments. Leur surface présente des motifs hexagonaux qui, vus de près, sont visibles, mais à distance, forment une image homogène.

Cette solution a déjà été mise en œuvre pour la rénovation d’un musée aux Pays-Bas, où les panneaux solaires ont été conçus pour imiter le zinc, matériau de la toiture historique du bâtiment. L’idée est de respecter les contraintes architecturales tout en permettant la production d’énergie solaire. Glass Partners Solutions a également été sollicité pour des projets en France, notamment à Arcachon, où des bâtiments classés nécessitent des alternatives esthétiques aux tuiles traditionnelles.

Bien que cette solution ait déjà été adoptée aux Pays-Bas, son déploiement en France est freiné par la réglementation, comme le souligne Marc Dufreche, responsable de la communication chez Glass Partners Solutions. L’obtention de certaines certifications reste un obstacle, malgré les garanties européennes dont dispose déjà la solution.